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qu’il vit disparaître les troupes qui gardaient les rues.

Le quartier où Guatimozin s’était retiré avec sa noblesse et ses plus fidèles soldats formait un angle fort spacieux, dont la plus grande partie était entourée des eaux du lac. L’autre, peu éloignée de Tlateluco, avait été fortifiée d’une circonvallation de grosses planches garnies de fascines et de pieux, et d’un profond fossé qui coupait toutes les rues voisines. Cortez, ayant passé la nuit suivante aussi tranquillement que la première, s’avança le lendemain dans les rues que les ennemis avaient abandonnées. Toute la ligne de leurs fortifications était couronnée d’une multitude innombrable de soldats ; mais l’on jugea de leur disposition à la paix par le silence de leurs instrumens militaires et l’interruption de leurs cris. Il s’approcha deux fois à la portée des flèches, après avoir donné ordre aux Espagnols, qui le suivaient de ne faire aucun mouvement d’attaque. Les Mexicains baissèrent leurs armes, et leur silence fit croire qu’ils n’étaient pas éloignés d’un accommodement. Il remarqua leurs efforts pour cacher ce qu’ils souffraient de la faim et pour faire connaître qu’ils ne manquaient ni de vivres ni de résolution. Ils affectaient de manger publiquement sur leurs terrasses, et de jeter leurs restes aux habitans qui tendaient les bras, de l’autre côté du fossé y pour recevoir ce misérable secours. Pendant trois jours, qui se passèrent dans cette espèce de trève, plusieurs