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saire à la subsistance des troupes dans une ville où l’on manquait de tout, les trois capitaines sortirent de leurs quartiers à la première clarté du jour. Chacun était soutenu de ses brigantins et de ses canots ; ils trouvèrent les trois chaussées en défense, les ponts levés, les fossés ouverts, avec un aussi grand nombre d’ennemis que si la guerre eût commencé de ce jour. Mais le succès de part et d’autre fut toujours le même, et les trois corps arrivèrent presque en même temps dans la ville. On s’avança facilement jusqu’à l’entrée des rues où les maisons étaient ruinées. Les ennemis, désespérant de se soutenir dans ce poste, semblaient avoir borné leur défense aux fenêtres et aux terrasses ; mais les Espagnols n’employèrent ce premier jour qu’à faire des logemens et à se retrancher dans les ruines des maisons, avec le soin d’établir leur sûreté par des sentinelles et des corps avancés.

Cette conduite jeta les Mexicains dans la consternation : elle rompait les mesures qu’ils avaient prises pour charger l’ennemi dans sa retraite. Tous les caciques s’assemblèrent au palais impérial : ils supplièrent Guatimozin de se retirer, plus loin du péril. Les uns, ne pensant qu’à la sûreté de leur maître, demandaient qu’il abandonnât la ville ; d’autres voulaient fortifier son palais, et quelques-uns proposèrent de déloger les Espagnols des postes dont ils s’étaient saisis. Guatimozin embrassa le plus généreux de ces trois partis, et prit la résolu-