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leurs troupes pour retourner vers le quai par d’autres rues, et pour charger les Espagnols à leur passage. Aussi Cortez n’eut-il pas plus tôt tourné le dos à la ville, que ses oreilles furent frappées par le son lugubre d’un instrument qui portait le nom de tocsin sacré, parce qu’il n’était permis qu’aux sacrificateurs de le sonner pour annoncer la guerre et pour animer le cœur des Mexicains à la défense de leurs dieux. On entendit aussitôt d’effroyables cris ; et les Espagnols qui composaient l’arrière-garde virent tomber sur eux des légions d’ennemis.

Les arquebusiers firent tête ; et Cortez, suivi des cavaliers, repoussa les premiers efforts de cette impétueuse attaque ; mais n’étant instruit qu’alors de l’indiscrétion d’Alderète, il tenta inutilement de rallier ses troupes et de les former en bataillons ; ses ordres furent mal entendus et mal respectés. Les Tlascalans, qu’il avait fait marcher vers la digue, se précipitèrent confusément dans l’ouverture. Les uns passaient sur des brigantins et dans les canots ; les autres, en plus grand nombre, se jetèrent dans l’eau, où ils trouvaient des troupes de nageurs mexicains qui les perçaient de leurs dards, ou qui les étouffaient au fond du lac. Cortez faisait face aux ennemis qui continuaient de le presser ; mais, son cheval ayant été tué sous lui, il se vit forcé, pour conserver sa vie, d’accepter l’offre de François Gusman, qui lui présenta le sien, et de se retirer vers les brigantins, sur lesquels il ar-