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paix fut célébrée par un nouveau festin, où don Henri, sous le prétexte d’une indisposition, se dispensa encore de toucher à rien. Dans son retour, ayant pris par Xaragua, nom qu’on donnait encore au lieu qui porte à présent celui de Léogane, il y trouva Gonzale et Roméro ; l’un qui lui confirma la sincérité des Espagnols dans le traité, et l’autre qui lui en remit la ratification avec de riches présens. Sur-le-champ il fit embarquer dans la caravelle un bon nombre de nègres fugitifs qu’il avait déjà fait arrêter ; et des deux côtés tous les ombrages s’évanouirent. Cependant il ne se hâta point de quitter ses montagnes, et les Espagnols étaient fort impatiens de l’en voir sortir.

Il en sortit enfin, mais ce ne fut qu’après avoir consommé les vivres dont il avait fait de grandes provisions : il se rendit ensuite à San-Domingo, où il signa la paix, qui n’avait encore été signée que par ses députés. On lui laissa choisir un lieu pour s’y établir avec le reste de sa nation, dont il fut déclaré prince héréditaire, exempt de tribut, avec la seule sujétion de rendre hommage à l’empereur et à ses successeurs, rois de Castille, lorsqu’il en serait sommé. Il se retira dans un lieu nommé Boya, à treize ou quatorze lieues de la capitale, vers le nord-est. Tous les Américains qui purent prouver leur descendance des premiers habitans de l’île eurent la permission de le suivre, et leur postérité subsista toujours au même