des excuses « de ce qu’il n’était pas venu lui-même au-devant de lui : il était retenu par une incommodité ; mais il se flattait que le seigneur espagnol, étant venu si loin, voudrait bien achever le peu de chemin qui restait. » Barrionuevo reçut ce compliment d’un air satisfait, et consentit à continuer sa marche ; en vain ses gens s’efforcèrent de l’en détourner. Il ne prit même avec lui que quinze hommes ; et, sans autres armes qu’une sorte d’esponton et son épée, il ne fit pas difficulté de s’abandonner à la conduite d’Alfaro. On le mena par des chemins si rudes et si embarrassés, que souvent il était obligé de marcher sur les mains autant que sur les pieds. Ses gens se lassèrent bientôt, et le pressèrent de retourner sur ses pas, en lui représentant que le cacique voulait le jouer ou le faire périr : « Je ne contrains personne, dit l’intrépide général ; quiconque a peur est libre de retourner. Pour moi, seul, s’il le faut, j’irai jusqu’au bout. En acceptant ma commission, j’en ai compris la difficulté. Si j’y laisse la vie, je mourrai content d’avoir rempli mon devoir. »
Malgré son courage, Barrionuevo se trouva tout d’un coup si fatigué, qu’il fut contraint de s’arrêter pour prendre un peu de repos. Le bois néanmoins commençait à s’éclaircir, et l’on découvrait au travers des arbres la demeure de Henri. Alfaro prit alors les devans, à la prière du général, et demanda de sa part au cacique s’il était disposé à l’entrevue. Henri