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ruco aboutissent à la mer, et de s’éloigner ensuite un peu, sans le perdre néanmoins de vue, pour être en état de lui donner du secours, s’il en demandait. À peine fut-il à terre, qu’il vit sortir des montagnes une troupe d’ Américains dont il fut bientôt environné. Il les pria de le conduire à leur chef, ou, s’ils n’osaient faire cette démarche sans sa participation, il leur proposa d’aller prendre ses ordres, en lui apprenant que le P. Remi, dont il avait été disciple à Vera-Paz, demandait à lui parler, et n’avait rien que d’agréable à lui dire. Ces soldats, qui ne connaissaient pas le franciscain, lui répondirent que leur cacique n’avait pas besoin de sa visite ; que tous les Espagnols étaient des traîtres, qu’il avait lui-même l’apparence d’un espion, et que la seule grâce qu’ils pouvaient lui faire était de ne le pas traiter avec toute la rigueur qu’ils devaient à ce titre. Ils ne laissèrent pas de lui ôter ses habits, mais ils se contentèrent de le laisser nu sur le rivage. Heureusement le cacique n’était pas loin : il accourut à la première information pour traiter plus humainement un homme dont il n’avait pas oublié le nom et les bienfaits. Il parut touché de l’état où il le vit ; il l’embrassa les larmes aux yeux, avec des excuses du traitement qu’il avait reçu. Une disposition si favorable porta aussitôt le missionnaire à parler de paix.

Henri n’y parut pas insensible ; mais il répondit qu’il ne dépendait que des Espagnols