Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 14.djvu/359

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de sang. Nous aurons bientôt occasion de le faire connaître davantage quand nous le verrons passer lui-même dans le parti de la rébellion, et finir par le plus horrible des supplices une des plus longues carrières que l’on puisse reprocher à la nature.

Il n’avait d’autre bonne qualités que la valeur, mais dans le plus haut degré. À cette journée de Chapas, si funeste au jeune d’Almagro, on le vit, à la tête de l’infanterie royale, que foudroyait le canon ennemi animer les soldats par son exemple et par ses discours. Il était épais de taille. « Ne craignez pas l’artillerie, leur disait-il : ce n’est que du bruit. Je suis aussi gros que deux de vous ensemble et cependant combien de boulets passent auprès de moi sans me toucher ! » Il jeta sa cotte de mailles et son casque, et, l’épée à la main, il marcha vers l’artillerie des rebelles, s’en rendit maître, la tourna contre eux, et décida la victoire.

D’Almagro fut tué dans la déroute, et laissa le champ de bataille couvert de morts, après s’être battu lui-même en désespéré. Mais les troubles de l’Amérique n’étaient pas à leur terme, et les Pizarre, qui avaient donné le Pérou à l’Espagne, devaient y trouver leur tombeau.

Las Casas, sorti de sa retraite pour signaler en faveur des Péruviens le même zèle qui avait adouci le sort des peuples du Mexique, s’était fait entendre encore à la cour, et, sur