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un grand nombre d’aventuriers partis de Nicaragua et de Panama, qui venaient chercher fortune. Il en prit deux cents hommes, dont quatre-vingts étaient à cheval, avec lesquels il marcha droit à Quito, dans la double vue d’humilier Ruminagui, et d’enlever les trésors qu’Atahualpa devait avoir laissés dans cette ville. Le général péruvien employa toutes sortes de ruses pour faire périr cette petite armée ; mais Belalcazar n’en arriva pas moins à Quito, après avoir dissipé de vains obstacles, qui ne l’arrêtèrent pas plus que les escarmouches des Américains. Il apprit à la vue des murs que Ruminagui, ayant fait assembler les femmes d’Atahualpa, et les siennes, quittaient en fort grand nombre, leur avait dit : « Vous aurez bientôt le plaisir de voir les chrétiens, et vous mènerez une vie fort agréable avec eux. » La plupart, prenant ce discours pour un badinage, se mirent à rire. Il leur en coûta cher ; il leur fit couper la tête presqu’à toutes ; ensuite, prenant la résolution d’abandonner la ville, il mit le feu à la partie du palais qui contenait les plus précieux meubles d’Huayna Capac, et la fuite le mit encore une fois à couvert des Espagnols. Ainsi Belalcazar ne trouva point d’opposition dans la ville. Le gouverneur avait envoyé dans le même temps Diègue d’Almagro vers la mer pour approfondir la vérité d’un bruit important. On répandait que don Pèdre d’Alvarado, gouverneur de Guatimala au Mexique,