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Quisquiz, autre général, assembla quelques troupes, et s’était déjà fait un parti considérable, lorsque Pizarre, se hâtant de faire le partage de tout l’or qu’on avait rassemblé, marcha contre lui avec toutes ses forces. On craignait de grands obstacles de la part d’un vieux guerrier dont la prudence et le courage étaient célèbres dans la nation. Il n’attendit pas les Espagnols ; mais, en se retirant dans la vallée de Xauxa, qui est plus loin au midi, il trouva occasion d’attaquer leur avant-garde, et leur tua quelques hommes : Soto, qui la commandait, était perdu lui-même, s’il n’eût été secouru par don Diègue d’Almagro, qui s’avança heureusement avec quelque cavalerie. Tout le reste de cette marche fut extrêmement difficile : les Péruviens profitaient des montagnes et des passages ; mais l’arrière-garde étant arrivée avec Pizarre, on en tua un si grand nombre, que le reste ne tarda pas à se dissiper. De deux frères d’Atahualpa qui vivaient encore, Quisquiz, ne cherchant qu’un fantôme sous le nom duquel il pût régner, avait choisi l’inca Paulu pour lui mettre la frange qui servait de diadème. Ce jeune prince, élevé dans le respect pour l’inca Manco, son aîné, qu’il reconnaissait pour légitime successeur, après la mort de ses deux autres frères, parut peu touché d’un honneur qui ne lui appartenait pas, et dont il comprit qu’on ne lui laisserait que le titre. Il profita de la retraite de Quisquiz pour venir au-devant de Pizarre ;