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quoiqu’il ne soit que mon sujet, n’aura pas un plus long règne. » Cette espèce de prédiction, qui fut bientôt accomplie, rappela aux Péruviens celle qu’on a rapportée de Hayna Capac, et les confirma dans l’opinion que les incas étaient les vrais fils du soleil, et inspirés par la Divinité.

Pendant que Soto et Varco continuaient leur voyage, le gouverneur envoya son frère avec une partie de la cavalerie pour découvrir les provinces intérieures. Ce détachement, ayant pris vers Pachacama, qui est à cent lieues de Caxamalca, rencontra dans le pays de Guamacucho un frère d’Atahualpa, nommé Illescas inca, qui conduisait pour la rançon de son frère deux ou trois millions en or, avec une très-grande quantité d’argent. Après une marche fort difficile, Fernand Pizarre arriva dans la ville de Pachacama, où il trouva un temple rempli de richesses, dont il enleva une partie ; et les Péruviens portèrent le reste pour la rançon. Culicuchima, l’un des deux généraux d’Atahualpa, était dans le pays avec une armée assez nombreuse. Fernand le fit prier de le venir voir ; et l’Américain l’ayant refusé par orgueil ou par crainte, il ne fit pas difficulté de l’aller trouver lui-même au milieu de son armée, où il prit tant d’ascendant sur lui, qu’il l’engagea non-seulement à congédier ses troupes, mais à le suivre jusqu’à Caxamalca. On reproche cette hardiesse à don Fernand, comme une témérité dont il y avait peu de