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il avait proposé. Quant et quant toute l’artillerie joua pour commencer par étonner les Américains ; et comme ils étaient déjà fort épouvantés de ce tonnerre, voici arriver les chevaux avec force sonnettes au cou et aux jambes, et un bruit mêlé de trompettes et de tambours qui les mirent du tout hors de sens. Et tout à l’heure même, les Espagnols, mettant la main aux armes, donnent dedans, frappent dessus et font une horrible boucherie de ces poures Américains, qui furent si étourdis tout en un coup de la foudre des canons, de la furie des chevaux et des grands coups de ces lames tranchantes, qu’ils n’eurent onc le cœur, ni le sens de se défendre, ains ne pensèrent qu’à se sauver ; et s’enfuirent en si grand désordre, s’embarrassant et se renversant les uns sur les autres, qu’ils donnèrent beau loisir aux Espagnols de chamailler sur eux tout à leur aise : ainsi la victoire ne leur coûta guère.

» Quand les gens de cheval eurent ainsi écarté les uns et renversé les autres à grand coups de lances et de coutelas, voici François Pizarre avec toute l’infanterie, qui vint après et tire tout droit vers la part où était le roi, lequel avait beaucoup d’Américains autour de soi ; mais si étonnés, qu’il n’y en avait pas un qui se mît en défense. Les Espagnols n’avaient autre chose à faire qu’à tuer ; et à mesure que ces Américains tombaient, le chemin se faisait jusqu’à ce qu’ils approchèrent tout auprès de la