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était le fruit de son expédition, il ne laissa dans la nouvelle île que ceux qu’il destinait à l’habiter.

Les députés d’Huascar lui avaient appris qu’Atahualpa était alors dans la province de Caxamalca. Ses troupes ne furent pas plus tôt arrivées de Tumbez qu’il se mit en marche pour aller trouver ce prince. Un désert de vingt lieues qu’il eut à traverser dans des sables brûlans, sans eau et sans secours contre l’extrême ardeur du soleil, fit beaucoup souffrir l’armée ; mais à l’entrée d’une province nommée Motupe, il commença heureusement à trouver des vallons peuplés, où les rafraîchissems étaient en abondance. De là les Espagnols s’avancèrent vers une montagne sur laquelle il rencontrèrent un envoyé d’Atahualpa, qui présenta au gouverneur des brodequins très-riches et des bracelets d’or, en l’avertissant de s’en parer lorsqu’il se présenterait devant l’inca, auquel cette marque le ferait connaître. L’envoyé était lui-même inca, c’est-à-dire prince de la race royale, et se nommait Titu Autachi. Son compliment roula sur la parenté des Espagnols et de son maître, en qualité d’enfant de Viracocha et du soleil. Les présens consistaient en diverses sortes de fruits, de grains, d’étoffes précieuses, d’oiseaux et d’autres animaux du pays ; des vases, des coupes, des plats et des bassins d’or et d’argent, quantité de turquoises et d’émeraudes. L’abondance et l’éclat de ces richesses firent