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n’était pas nommé dans les patentes royales. On peut juger de son mécontentement lorsqu’il vit ses intérêts absolument oubliés, Pizarre fit ses efforts pour le consoler, en l’assurant que l’empereur n’avait pas eu d’égard aux représentations qu’il lui avait faites en sa faveur, et jura de lui remettre la dignité d’adelantade, si la cour y consentait. Almagro parut content de cette satisfaction, parce qu’il n’en pouvait exiger d’autre ; il concerta même avec lui les moyens de faire valoir avantageusement la concession impériale ; mais dès ce jour jamais la bonne foi n’eut part à leurs conventions.

Il se passa quelques mois avant qu’ils pussent équiper un seul vaisseau. Le souvenir du passé décourageant les plus braves, ils eurent beaucoup de peine à s’associer un nombre convenable de guerriers et de matelots déterminés à tenter fortune. Almagro, de son côté, craignant qu’ils ne se rendissent tout-à-fait indépendans de son secours, se hâta d’armer, et trouva le moyen de fournir quelques bâtimens.

Cette petite flotte mit à la voile au commencement de l’année 1531. Le dessein de François Pizarre était de se rendre droit à Tumbez, où les observations de Molina et de Candie lui faisaient espérer de grandes richesses ; mais, ayant trouvé des vents contraires, il se vit forcé de prendre terre cent lieues au-dessous, et de débarquer ses gens et ses che-