Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 14.djvu/289

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

naturel et de l’abondance du pays, quitta volontairement le bord, et fit dire au capitaine de ne pas l’attendre, parce qu’il était résolu de demeurer avec de si bonnes gens. Pizarre envoya aussitôt à terre pour s’informer si ce n’était pas quelque artifice des Américains, qui le retenaient peut-être malgré lui ; mais La Torre, qu’il avait chargé de cet ordre, lui rapporta que le matelot s’applaudissait de sa résolution, qu’il était gai et dispos, et que les habitans, charmés de l’affection qu’il marquait pour eux, l’avaient mis sur un brancard, et le portaient sur leurs épaules pour le faire voir dans le pays. La Torre avait remarqué des troupeaux de lamas, des terres bien cultivées, quantité de ruisseaux dont les bords étaient ornés d’arbres fort verts, et toutes les apparences d’une contrée riante et fertile. Les premiers Castillans donnèrent le nom de moutons aux lamas, parce que ces animaux portent une belle laine, et qu’ils sont doux et domestiques, quoique par la forme ils ressemblent moins à des brebis qu’à des chameaux d’une petite espèce.

Pizarre n’osa pousser plus loin ses découvertes avec si peu de monde, dont une partie commençait à se mutiner. Il avança un peu dans la rivière de la Chica, y prit quelques Américains pour les instruire et s’en faire des interprètes ; et, bornant sa course à Santa, il céda aux instances de ses gens, qui demandaient leur retour en lui promettant de le