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l’effet saisirent les Américains d’une telle frayeur, que les uns se laissèrent tomber, et que les autres poussèrent un grand cri. Le cacique, plus résolu, mais gardant un silence d’étonnement, fit amener un jaguar et un cougouar qu’il avait entre plusieurs bêtes féroces, et pria l’Espagnol de tirer une seconde fois. Le coup fit non-seulement tomber encore une grande partie des Américains, mais effraya les deux animaux jusqu’à les faire approcher de Candie avec un air de douceur : le cacique ordonna qu’ils fussent remenés ; et se tournant vers l’étranger, auquel il fit présenter une liqueur du pays : « Bois donc, lui dit-il d’un air d’admiration, puisque tu fais un bruit si terrible : tu ressembles en vérité au tonnerre du ciel. » Candie visita la place et fut conduit dans un monastère de vierges nommées Mamaconas, qui étaient consacrées au service des idoles, et qui avaient fait demander au cacique la permission de le voir ; enfin Candie, retournant au vaisseau, y porta des informations beaucoup plus merveilleuses que les premières ; il avait vu non-seulement des vases d’argent et d’or, mais plusieurs orfévres et d’autres ouvriers. Les mêmes métaux éclataient dans le temple en plaques diversement enchâssées. La beauté des mamaconas, dont le nom signifiait vierges du soleil, frappa surtout l’imagination des Castillans : ils demandèrent au ciel par de ferventes prières de les faire revenir mieux accompa-