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laisser conduire dans une habitation voisine, qu’Herrera nomme le fort de Tumbez, parce qu’on y entrait par trois portes, et qu’elle était entourée de cinq ou six murs. Il y vit de fort beaux édifices de pierre, des canaux, des fruits extraordinaires, des lamas qu’il nommait des moutons, qui ressemblaient à de petits chameaux, et des femmes dont il admira la parure et la beauté. Les vases d’or et d’argent y étaient fort communs, et tout y présentait une grande apparence de richesses. Le récit que l’Espagnol en fit à son retour excita des transports de joie dans le vaisseau, et fit encore gémir Pizarre d’avoir été si malheureusement abandonné de ses gens : l’état de ses forces ne lui donnant aucune espérance d’emporter le moindre fruit d’une si belle découverte, il se réduisit à faire descendre Pedro de Candie, ingénieur estimé, pour étendre plus loin ses observations, et reconnaître surtout par où l’on pourrait tenter l’attaque de la place lorsqu’on y reviendrait avec une flotte plus nombreuse. Voilà sans doute l’hospitalité de ces bonnes gens bien noblement récompensée !

Candie, accompagné du même nègre, fut agréablement reçu des Américains : ils le menèrent aussitôt à l’habitation. Le cacique auquel il fut présenté, le voyant arme d’un fusil, voulut en savoir l’usage : Candie en tira un coup vers une planche voisine, que la balle n’eut pas de peine à percer. Le bruit et