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pays. Le lendemain, ayant remis à la voile, il découvrit, vers neuf heures du matin, un radeau si grand, qu’il le prit pour un navire ; bientôt il en découvrit quatre autres : chacun était monté de quinze Américains, qui ne firent pas difficulté de s’arrêter lorsqu’ils eurent aperçu deux hommes de leur nation sur le vaisseau castillan. Ils allaient à Puna pour faire la guerre aux peuples de ce canton ; mais leur curiosité pour la fabrique du vaisseau et pour l’habillement des Espagnols les fit retourner aisément vers la côte. Le pilote Barthélemi Ruiz observa la terre à son approche ; et, ne voyant aucune apparence de danger, il mouilla dans la rade de Tumbez. Alors Pizarre fit dire aux Américains des radeaux que son dessein était de rechercher leur amitié, et qu’il les priait d’en avertir leur cacique.

On ne fut pas long-temps à voir paraître une troupe d’autres Américains qui venaient admirer les barbes et les habits des étrangers. Le cacique voisin, les croyant envoyés du ciel, ne tarda point à leur faire porter sur dix ou douze radeaux toutes sortes de viandes et de fruits, et divers breuvages dans des vases d’or et d’argent. Entre ces rafraîchissemens, Pizarre fut étonné de voir un animal qu’il prit pour un mouton : c’était un présent des vierges du temple. Un officier du cacique assura les Espagnols qu’ils pouvaient descendre sans défiance, et prendre ce qu’ils jugeraient nécessaire à leurs besoins. Pizarre envoya