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n’est qu’à cinq lieues de Panama, et passa douze lieues plus loin, aux îles des Perles, ainsi nommées par Balboa, qui les avait découvertes. Il y fit de l’eau et du bois ; il y prit du fourrage pour les chevaux ; et, douze autres lieues au-delà, il trouva un port qu’il nomma de las Pinas, parce qu’il trouva quantité d’ananas dans le voisinage. Tous les soldats descendirent, et l’équipage resta seul à bord. Ils remontèrent pendant trois jours la rivière de Bine ; leur fatigue fut extrême, dans des terres pierreuses et stériles, sans aucun chemin, souvent entre des précipices où ils ne trouvaient pas le moindre rafraîchissement. Moralez, un des soldats, mourut de ses peines. Ils cherchaient le cacique de la province ; le peuple avait abandonné les cabanes et les champs. Dans le désespoir de ne rien trouver, ils retournèrent à leur vaisseau accablés de faim et de lassitude.

Mais, loin de se rebuter, ils continuèrent leur navigation vers le sud. À dix lieues, ils entrèrent dans un autre port, où ils chargèrent du bois et de l’eau ; ensuite, n’ayant pas cessé d’avancer pendant dix jours, les vivres leur manquèrent, jusqu’à les obliger de réduire les portions à quatre onces de maïs par jour. La viande était consommée, et comme ils avaient peu de futailles, l’eau vint à manquer aussi. Ils tombèrent dans une si affreuse misère, qu’ils se virent forcés de brouter des bourgeons de palmier, qui étaient d’une extrême