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d’un rocher de granit, sur la pente de la Cordillère ; il se dessèche tous les ans au mois de décembre, et le fond offre une couche d’argile qui renferme douze à treize pour cent de sel. Ce lac fournit annuellement, au profit du roi, près de deux cent cinquante mille fanégas de sel impur ou terreux. Toute cette quantité est vendue aux mines pour l’opération de l’amalgamation. On tire aussi beaucoup de sel des marais salans qui environnent le port de Colima sur le grand Océan. Au reste, sans les travaux de l’amalgamation des minerais d’argent, la consommation du sel ne serait pas très-considérable au Mexique, parce que les Indiens, qui constituent une grande partie de la population, n’ont point abandonné leur ancienne coutume d’assaisonner les mets, au lieu de sel, avec du chilé ou piment.

Dans la province de Vera-Paz, proche de la ville de Saint-Augustin, on voit entre deux montagnes une caverne formée dans le roc, assez spacieuse pour contenir un grand nombre d’hommes, dans laquelle il découle continuellement de diverses fentes de l’eau changée de particules calcaires ; de sorte qu’elle donne naissance à des stalactites de figures variées, que l’imagination des voyageurs a métamorphosées en colonnes et en statues. Le froid est si vif dans l’intérieur de la caverne, que l’homme le plus robuste n’y peut résister long-temps. On y entend d’ailleurs un bruit confus d’eaux qui semblent couler alentour, et qui, sortant