Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 14.djvu/255

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ivresse du triomphe, les Espagnols apportèrent peu de soin à dissimuler leurs avantages. Loin de faire mystère des richesses qu’ils découvraient de jour en jour, ils les publiaient avec ostentation ; et pendant quelques années leurs plus célèbres historiens n’eurent pas d’autre objet : mais la politique se fit entendre, après avoir été long-temps étouffée par la joie, et porta sa jalousie jusqu’à défendre aux sujets de l’Espagne d’écrire ou de parler publiquement de ce qui se passait au Mexique. Ainsi l’on n’a guère eu pendant long-temps d’autres lumières sur l’or et l’argent du pays que celles qui se sont conservées dans les anciennes histoires, jointes à quelques traits dont on était redevable aux voyageurs étrangers ; mais ensuite l’on est parvenu à obtenir des renseignemens exacts sur les mines du Mexique et sur leur produit au commencement du dix-neuvième siècle.

Les anciens Mexicains ne se contentaient pas des métaux qui se trouvaient dans leur état natif à la surface du sol, surtout dans le lit des fleuves et dans les ravins creusés par les torrens. Ils avaient aussi recours à des travaux souterrains pour exploiter les mines, et employaient des instrumens propres à creuser le roc. Cortez nous apprend, dans la relation historique de son expédition adressée à l’empereur Charles-Quint, qu’au grand marché de Mexico l’on vendait de l’or, de l’argent, du cuivre, du plomb, de l’étain. Les Mexicains