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bres, et même à l’extrémité des plus hautes et de celles qui s’écartent le plus du tronc. Ce qu’ils ont d’étrange, c’est qu’on les voit toujours à deux ou trois pieds de la branche à laquelle ils sont suspendus, et qu’ils ont la figure d’un saladier rempli de foin : les fils qui attachent le nid à la branche, et le nid même, sont composés d’une herbe longue fort adroitement entrelacée, et déliés proche de la branche, mais plus gros vers le nid. On aperçoit à côté du nid un trou qui sert d entrée à l’oiseau, et le même arbre offre quelquefois vingt ou trente de ces nids suspendus, qui forment un spectacle fort agréable.

Les corneilles carnassières sont noirâtres, à peu près de la grosseur de nos corbeaux ; elles ont la tête sans plumes, et le cou si chauve et si rouge, qu’en les voyant pour la première fois on les prend pour des dindons. Les Espagnols du pays défendent aux habitans, sous de grosses peines, de tirer ces corneilles, parce qu’ils les croient utiles à garantir l’air de l’infection des charognes. Quoique les Anglais, oui viennent couper du bois à Campêche, ne croient pas devoir beaucoup de soumission à cette loi, ils ne laissent pas de s’y assujettir par un sentiment de superstition qui leur fait regarder la mort d’une corneille comme le présage de quelque désastre.

L’oiseau qu’on nomme tout-bec tire ce nom de la grosseur de son bec, qui est aussi gros que le reste du corps.