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mens de cette nature qu’il trouva répandus dans plusieurs maisons de campagne, où les religieux qui se destinent à la mission des Philippines font un séjour de quelques mois, pour se disposer par une vie douce aux fatigues de leur entreprise ; mais rien ne paraît approcher de la description qu’il fait du désert des Carmes, qui est à trois lieues au nord-ouest de Mexico. Ce lieu, dit-il, est d’une beauté d’autant plus étonnante, qu’il est situé sur une montagne au milieu de rochers. Les carmes, qui s’y sont bâti un magnifique couvent, ont fait faire, entre les rochers qui environnent le bâtiment, des caves ou des grottes en forme de petites chambres, qui servent de logemens à leurs ermites, et plusieurs chapelles ornées de statues et de peintures, avec des disciplines de fil de fer, des haires, des ceintures garnies de pointes, et d’autres instrumens de mortification, qui sont exposés à la vue du public pour faire connaître l’austérité de leur vie. Ce sanctuaire de la pénitence est entouré de vergers et de jardins qui ont près d’une lieue de tour : on y trouve en plusieurs endroits des fontaines qui sortent des rochers, et dont l’eau est d’une fraîcheur qui, jointe à l’ombrage des arbres, rend cet ermitage une des plus délicieuses retraites du monde. On ne s’y promène qu’entre les jasmins, les roses et les plus belles fleurs du pays : il n’y manque rien de ce qui peut satisfaire la vue ou odorat. Les ermites sont relevés chaque se-