Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 14.djvu/224

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

passe aussi pour être incorruptible, ou du moins d’une très-longue durée ; et l’on croit en trouver la cause dans un suc gommeux, très-âcre et très-amer, qui en éloigne les vers et les poux de bois, et qui communique de l’amertume jusqu’aux alimens qu’on fait cuire sur un feu de son bois. À l’égard de son odeur, elle ne se fait sentir que lorsqu’il est bien sec, et, comme le bois de Sainte-Lucie, il en jette une fort mauvaise et fort désagréable, jusqu’à ce qu’il ait perdu toute son humidité. Le tronc et les grosses branches du cedrel jettent par intervalles des grumeaux d’une gomme claire, nette et transparente, qui durcit à l’air, et qu’on emploie aux mêmes usages que la gomme arabique. Peut-être en tirerait-on beaucoup plus par incision.

Le savonnier, ou l’arbre qui porte des fruits dont les noyaux frottés produisent une écume excellente pour nettoyer les habits, croît abondamment dans le Mexique. Les coques exposées au soleil prennent un très-beau noir et ne se fendent jamais : on les fait polir et percer pour en faire des grains de chapelets.

On doit nommer, parmi les plantes de la Nouvelle-Espagne, le tabac, qui paraît avoir été découvert, pour la première fois, en 1520, dans la province d’Yucatan, et que les Espagnols y cultivent encore avec tant de succès, qu’ils en tirent une partie du tabac qu’on nomme de la Havane.

Avant l’arrivée des Espagnols, les Mexicains