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qui regardent les mathématiques et la navigation n’y est pas moins ignorée ; le commerce même n’y consiste que dans l’art de tromper, parce qu’il n’a point de règles bien établies, ou s’il en reste d’anciennes, elles sont méprisées. Le quint de l’or et de l’argent, qui doit entrer dans les coffres du roi, est continuellement diminué par la fraude ; il ne revient point au trésor un quart de ses droits. Les gouverneurs, leurs officiers et les riches négocians se prêtent la main pour supprimer les ordonnances royales, ou pour les faire tomber dans l’oubli. De là viennent tous les avantages que les Français et les Anglais tirent des établissemens espagnols pour leurs propres colonies. La plupart des enregistremens sont faux dans les ports espagnols : un passe-port des officiers royaux fait passer toutes sortes de marchandises à la vue de ceux qui n’ignorent pas l’imposture ; les curés et les religieux se mêlent aussi de commerce, avec d’autant plus de licence et d’impunité, qu’ils se font redouter par la sainteté de leur ministère et par l’abus des armes ecclésiastiques : ils arrachent d’ailleurs des Américains tout ce que ces malheureux gagnent par leur travail. Rien n’est égal à leur avidité, que leur luxe, leur passion effrénée pour le plaisir, et leur profonde ignorance : aussi tous les Mexicains qu’ils ont l’air de convertir n’en demeurent-ils pas moins idolâtres. Les créoles ne sont pas mieux instruits ; et ils ne rougissent pas de leur ignorance ; leurs idées