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nom. Cette horrible trame fut conduite avec tant d’adresse, que le nombre des complices augmenta de jour en jour. Ils avaient concerté de supposer un paquet arrivé de Vera-Cruz avec des lettres d’Espagne, et de le présenter au général pendant qu’il serait à table avec la plupart de ses officiers. Les conjurés devaient entrer alors, sous prétexte de demander des nouvelles de l’Europe, et prendre le temps où Cortez commencerait sa lecture pour le poignarder, lui et ses amis ; après quoi ils étaient résolus de sortir ensemble et de courir dans toutes les rues du quartier, en criant Espagne et liberté. Les officiers qui devaient mourir avec le général étaient Olid, Sandoval, revenu glorieux de son expédition, Alvarado et ses frères, Tapia, les deux intendans Louis Marin et Pierre d’Ircio, Bernard Diaz, historien de la conquête, et quelques autres guerriers, confidens de Cortez.

Telle fut la déclaration du soldat, qui ne demanda point d’autre récompense que la vie, parce qu’il était entré dans la conjuration. Cortez prit le parti de faire arrêter sur-le-champ Villafagna, et d’assister lui-même à l’exécution de cet ordre. L’importance de l’accusation ne lui permettait pas d’employer des informations plus régulières. Il partit aussitôt, accompagné des deux intendans et de quelques capitaines. Le trouble du coupable fut sa première conviction. Après l’avoir fait charger de chaînes, Cortez fit sortir tout le monde, sous