dit-il, que nous regardons comme des esclaves fort soumis, conspirent notre perte. Jusqu’à présent la hardiesse et les forces leur ont manqué ; mais je suis sûr qu’avec quelques troupes, bien disciplinées qu’on ferait entrer dans le pays, surtout par Costa-Rica, où sont les Américains que nous nommons Bravos ou Indios de guerra, et du côté de Guatimala, en suivant la côte de l’une ou de l’autre mer, on exciterait tout d’un coup à la révolte, non-seulement les anciens naturels, les esclaves nègres et les métis, mais une partie même des créoles. Il suffirait de leur fournir des armes, de la poudre, du plomb, et de les traiter avec assez de douceur et de désintéressement pour leur ôter la prévention dans laquelle ils sont tous aujourd’hui que les Européens n’en veulent qu’a leurs richesses. L’impatience de voir finir leur esclavage est devenue si vive, que tous les jours on en voit passer un grand nombre dans l’intérieur des terres et dans des montagnes inaccessibles, d’où ils ne sortent plus que pour massacrer les voyageurs espagnols.
» L’autorité royale est comme anéantie par l’insatiable avidité de ceux qui sont établis pour la soutenir. Dans l’éloignement où les officiers royaux se voient du prince, ils ne consultent que leur intérêt pour l’interprétation des lois. Les vice-rois sont d’intelligence avec les ministres subalternes ; ils épuisent les peuples par leurs exactions ; ils vendent la justice ; ils ferment les yeux et les oreilles à tous les droits. On voit