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cette étrange variété à la disposition du pays, qui étant rempli de montagnes fort hautes, rendait le commerce fort difficile d’un canton à l’autre. Les Espagnols y ont trouvé des cavernes et des labyrinthes de plus d’une lieue de longueur, avec de grandes places et des fontaines d’excellente eau. Dans la partie des montagnes qui se nomment aujourd’hui Saint-Antoine, les Américains n’habitaient que des antres de dix ou vingt pieds de circonférence, qu’ils paraissaient avoir creusés par un long travail, dans les plus durs rochers. On remarque deux montagnes d’une hauteur extraordinaire, qui sont fort éloignées l’une de l’autre par le pied, mais dont les sommets s’approchent si fort, que les Indiens sautent d’un côté à l’autre.

Les Tlascalans, dont on a vanté le courage et la fidélité, avaient pris des Mexicains l’horrible usage de sacrifier leurs ennemis et d’en manger la chair. Il paraît même qu’ils ne s’y étaient accoutumés que par représailles, pour rendre à ces cruels ennemis le traitement qu’ils ne cessaient d’en recevoir. On a vu que l’amour de la liberté avait donné naissance à leur république, et que la valeur et la justice en étaient comme le soutien. Les relations espagnoles s’étendent beaucoup sur leur caractère ; ils mangeaient peu, et se nourrissaient d’alimens très-légers. Ils étaient actifs et susceptibles d’apprendre et d’imiter tout ce qu’on leur montrait. Ils punissaient de mort le men-