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Tous les caciques jouissaient du droit de la souveraineté, dans l’étendue de leur domaine. Ils tiraient un tribut de tous leurs vassaux, sans en excepter cette espèce de seigneurs dont les biens ne se transmettaient pas par succession, et qui n’en jouissaient que par la donation de l’empereur. Les officiers même payaient le tribut pour leurs emplois, comme les marchands celui de leur commerce ; mais ils n’étaient pas obligés à d’autres services, tels que les ouvrages publics, le labourage pour les seigneurs, et diverses corvées qui étaient le partage du peuple. Ils avaient même entre eux une espèce de syndic choisi dans leur corps pour traiter de leurs affaires avec les seigneurs, et pour régler annuellement leurs comptes. Les plus malheureux hommes soumis à l’impôt étaient les laboureurs qui tenaient les terres d’autrui ; ils se nommaient mayèques. Tous les autres vassaux pouvaient avoir des terres en propre ou en commun ; mais il n’était permis aux mayèques que de les tenir en loyer. Ils ne pouvaient quitter une terre pour en prendre une autre, ni abandonner celle qu’ils exploitaient, et dont ils payaient le loyer en nature, par d’anciennes conventions dont l’origine était inconnue. Leurs seigneurs exerçaient sur eux la juridiction civile et criminelle. Ils servaient à la guerre, parce que personne n’en était exempt ; mais on apportait beaucoup d’attention à ne pas trop diminuer leur nombre, et il fallait que le besoin de troupes fût très-pressant pour faire