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pour eux de lever les yeux devant une femme. Ils allaient demander dans la ville, marchant quatre ou six ensemble d’un air humble ; cependant, s’ils n’obtenaient rien, ils avaient droit de prendre ce qui leur était nécessaire pour se nourrir ; parce qu’ayant fait vœu de pauvreté, on supposait leurs besoins toujours pressans. On savait d’ailleurs que leur pénitence était continuelle : ils étaient obligés de se lever la nuit pour sonner des trompettes et faire entendre les autres instrumens. Ils veillaient successivement autour de l’idole pour entretenir le brasier ; ils assistaient à l’encensement des prêtres, et ensuite ils entraient dans un lieu qui leur était destiné, pour s’y tirer du sang avec des pointes aiguës, et s’en frotter les tempes jusqu’au bas des oreilles. Leur habit était un cilice blanc, mais fort rude.

À certaines fêtes de l’année, les prêtres du grand temple et tous les jeunes religieux du monastère s’assemblaient dans un lieu environné de siéges, armés de cailloux pointus, et de lames avec lesquelles ils se tiraient, depuis l’os de la jambe jusqu’au mollet, quantité de sang dont ils devaient non-seulement se frotter les tempes, mais aussi teindre les lames ; ils les fichaient ensuite dans des boules de paille, entre les créneaux de la cour, afin que le peuple jugeât de leur ardeur pour la pénitence. Le lieu où ils se baignaient après cette opération portait le nom d’Ezapan, qui