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trémité de la première chaussée, où les Espagnols avaient essuyé tant de pertes et de dangers dans leur retraite, rendait ce poste d’autant plus avantageux qu’il était le plus proche de Mexico, et comme la clef du chemin dont il fallait se saisir pour le siége. Aussi Cortez se disposait-il à l’attaquer, lorsqu’on vit paraître sur la chaussée un gros de Mexicains sortis de la capitale, et conduits par l’empereur même. Comme il y avait apparence que leur dessein était de se jeter dans Tacuba, les Espagnols eurent ordre de les attendre et de leur laisser la liberté d’avancer, dans l’espérance de pouvoir tomber sur eux entre le lac et la ville. Mais ils avaient d’autres vues, qu’ils exécutèrent avec une adresse extrême. Quelques-uns sautèrent négligemment à terre, et formèrent leurs rangs avec tant de confusion, que Cortez, attribuant cet embarras à la crainte, laissa une partie de ses troupes devant la ville, et marcha droit à la chaussée. Ceux qui étaient à terre parurent déconcertés de son approche, et se retirèrent vers leur gros, qui fit le même mouvement, en cédant le terrein par degrés et dans une espèce de désordre. Leur espérance était d’engager les Espagnols. En effet, le général se hâta trop de les suivre. Lorsqu’ils le virent dans le détroit de la chaussée, ils se rallièrent ; et firent tête, et pendant qu’ils l’arrêtaient par leur résistance, un prodigieux nombre de canots, qui sortirent avec une vitesse incroyable des canaux de la capi-