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changer de juges, étaient également condamnés dans tous les tribunaux. L’empire n’avait point de lois écrites. L’usage tenait lieu de droit, et ne pouvait être altéré que par la volonté du prince. Au reste, tous les conseils étaient composés, non-seulement de citoyens riches, qu’on supposait à l’épreuve de la corruption, mais de ceux qui s’étaient distingués par leur conduite dans les temps de paix ou de guerre. Leurs fonctions ne s’étendaient pas moins à récompenser le mérite qu’à punir le crime. Ils devaient connaître et vérifier les talens extraordinaires pour en informer la cour. Le principal objet de leur zèle était la punition de l’homicide, du vol et de l’adultère, et des moindres irrévérences contre la religion et la majesté du prince. Les vices se pardonnaient aisément, parce que la religion désarmait la justice en les permettant ; mais on punissait de mort tous les défauts d’intégrité dans les ministres. Il n’y avait point de faute légère pour ceux qui exerçaient des offices publics. Montézuma poussait la rigueur si loin, qu’il faisait lui-même des recherches secrètes sur la conduite des juges, jusqu’à les tenter par des sommes considérables, qu’il leur faisait présenter sourdement par différentes mains dont ils ne pouvaient se défier ; et le supplice du coupable faisait aussitôt éclater son crime.

Le conseil d’état n’était composé que des électeurs de l’empire, dont les deux principaux étaient les caciques de Tezcuco et de Tacuba,