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facilité avec laquelle il se soumit aux Espagnols lorsqu’ils eurent achevé la conquête de Guatimala et des pays voisins. Cependant il est resté, entre cette province et celle de l’Yucatan, une région qu’ils n’ont encore pu subjuguer, malgré l’intérêt qu’ils ont à s’ouvrir un chemin de ce côté-là jusqu’à Campêche, ville de l’Yucatan, qui fournirait aux négocians de Vera-Paz et de Guatimala une voie plus sûre que le golfe de Honduras pour conduire leurs marchandises à la Havane. Gage raconte que François Moran, religieux de ses amis, hasarda de traverser avec deux ou trois Indiens tout ce pays jusqu’à Campêche, où il trouva quelques Espagnols qui admirèrent son audace. Étant retourné ensuite à Vera-Paz, il se loua du traitement qu’il avait reçu des habitans ; mais, comme il entendait leur langue, il avait découvert que le motif qu’ils avaient eu pour le traiter avec tant de douceur était la crainte d’exciter les Espagnols à reprendre les armes contre leur nation. Il assura que leur pays était incomparablement meilleur que la partie de cette province dont les Espagnols sont en possession, et qu’il y avait vu, dans une belle vallée, sur le bord d’un grand lac, une ville qui ne contenait pas moins de douze mille habitans. La connaissance qu’il avait acquise du pays le fit passer en Espagne pour engager la cour à tenter encore une fois cette conquête. On n’a point appris, continue Gage, que son zèle ait eu le