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nous déterminâmes, par le conseil même de nos guides, à passer plutôt le jour entier dans la loge que de hasarder témérairement notre vie. Les citrons aigres et l’eau de fontaine furent notre seule nourriture. Cependant j’observai que les Américains mettaient dans leur eau une poudre dont ils avaient quelques sachets pleins. Ils avouèrent que c’était de la poudre de leurs gâteaux de maïs, dont ils étaient accoutumés à faire une petite provision pour ce voyage. Nous en achetâmes d’eux un sachet, qu’ils nous firent payer vingt fois au-dessus de son prix. Ce faible secours nous soutint pendant tout le jour ; et, vers le soir, nous nous endormîmes, dans la résolution de braver le lendemain tous les dangers, soit pour arriver au sommet de la montagne, soit pour retourner à Tecoantepèque. Le vent ayant paru diminuer un peu dans le cours de la nuit suivante, nous nous disposions à partir le matin pour avancer, lorsqu’il redevint plus violent. Nous attendîmes jusqu’à midi. Comme il ne faisait qu’augmenter, l’impatience d’un de nos compagnons lui fit prendre le parti de monter à pied un mille ou deux plus haut pour observer les passages, et nous en faire son rapport, dans l’idée qu’on avait pu grossir le danger. Il revint deux heures après, et nous dit que nous pouvions monter sans crainte en conduisant nos mulets par la bride ; mais les Américains étaient d’un autre avis : ce qui nous fit passer le reste du jour en contesta-