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signe ; c’est l’inscription du fabuleux labarum, qui, à ce qu’on prétend, apparut à Constantin. En peu de jours il rassembla sous ses ordres environ trois cents hommes, entre lesquels on comptait Diégo d’Ordas, ami particulier du gouverneur, François de Noria, Bernard Diaz del Castillo, qui publia l’histoire de cette expédition, et d’autres gentilshommes dont les noms paraîtront plus d’une fois avec honneur. Cortez était si alarmé, qu’il se disposa à s’embarquer sans prendre son audience de congé. Vélasquez fut averti que la flotte allait mettre à la voile ; il se leva aussitôt, et toute la ville fut troublée : il alla au rivage dès la pointe du jour avec une nombreuse suite. Cortez l’ayant aperçu, descendit dans une chaloupe armée de fauconneaux, d’escopettes et d’arbalètes, accompagné de ses plus fidèles amis, et s’approcha du rivage. Vélasquez lui dit : « Compère, compère, vous partez donc ainsi sans dire adieu ? Il est bien étrange que vous me quittiez ainsi. » Cortez lui répondit : « Seigneur, je vous en demande pardon ; mais sachez qu’on ne saurait apporter trop de diligence aux grandes entreprises ; ordonnez seulement ce que vous souhaitez que je fasse pour votre service. » Vélasquez, surpris, ne sut que répondre ; Cortez retourna sur-le-champ aux vaisseaux, et partit le 18 de novembre 1518, rasa la côte du nord, puis, tournant à l’est, alla mouiller en peu de jours au port de la Trinité, où il avait quelques amis qui le reçurent avec des