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sa fermeté dans plusieurs dangers auxquels il fut exposé pendant la navigation. Ovando le reçut avec amitié, et le garda quelque temps près de lui ; ensuite il lui donna de l’emploi. Cortez était bien fait, et d’une physionomie prévenante ; ces avantages extérieurs étaient soutenus par des qualités qui le rendaient encore plus aimable ; il était généreux, sage, discret ; il ne parlait jamais au désavantage de personne ; sa conversation était enjouée ; il obligeait de bonne grâce, et sans vouloir qu’on publiât ses bienfaits : un mérite si distingué, et les occasions qu’il eut de signaler sa valeur et sa prudence, lui avaient acquis beaucoup de réputation dans la colonie, lorsqu’en 1511, Vélasquez, qui passait dans l’île de Cuba, lui proposa de le suivre avec l’emploi de secrétaire. Il accepta cet office ; mais le gouverneur ayant fait des mécontens, Cortez, qui était apparemment du nombre, se chargea, l’année suivante, de porter leurs plaintes à l’audience royale de San-Domingo ; ce complot fut découvert. Cortez fut arrêté, et condamné au dernier supplice ; sa grâce néanmoins fut accordée aux instances de quelques personnes de considération ; et le gouverneur, se contentant de l’envoyer prisonnier à San-Domingo, l’embarqua dans un navire qui mettait à la voile ; mais n’étant point observé à bord, il eut le courage de sauter pendant la nuit dans la mer avec un ais entre ses bras. Après avoir couru le plus terrible danger, il fut jeté sur le