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formalités ; mais le gouverneur de Cuba, Vélasquez, jaloux de ses propres lieutenans, leur avait défendu de faire aucun établissement. On revint donc à la Havane, et Vélasquez, au récit de tout ce qu’avait vu Grijalva, eut la bizarre injustice de lui faire un crime de son obéissance. Il n’eut rien de plus pressé que de faire partir une autre flotte pour la même destination : elle fut composée de dix navires, et le fameux Fernand Cortez en eut le commandement.

Cortez était né en 1485, à Medellin, ville de l’Estramadoure, d’une famille dont on n’a pas contesté la noblesse. Dans sa première jeunesse, il avait étudié à l’université de Salamanque, et le dessein de son père était de l’appliquer à la jurisprudence ; mais sa vivacité naturelle, qui ne s’accommodait pas d’une profusion si grave, le ramena chez son père, dans la résolution de prendre le parti des armes. Il obtint la permission d’aller servir en Italie, sous le grand Gonsalve de Cordoue, et le jour de son départ était marqué, lorsqu’il fut attaqué d’une longue et dangereuse maladie, qui mit du changement dans ses desseins sans en apporter à ses inclinations. Il résolut de passer en Amérique pour y chercher la fortune et la gloire ; il y passa dans le cours de l’année 1504, avec des lettres de recommandation pour don Nicolas d’Ovando, son parent, qui commandait dans Espagnola. Quoiqu’il eût à peine vingt ans, il fit éclater sa hardiesse et