Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 13.djvu/93

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

jusqu’à ce prince les expéditions des Espagnols dans les Antilles et dans quelques parties du continent, et qu’il les regardait comme des ennemis redoutables qu’il fallait apaiser par des soumissions, et éloigner, s’il était possible.

La rade de Banderas étant mal défendue contre les vents du nord, on remit à la voile, et l’on rencontra bientôt une île assez proche de la côte, que la blancheur de son sable fit nommer l’île Blanche. Un peu plus loin, on en découvrit une autre à quatre lieues de la côte ; et l’ombrage de ses arbres lui fit donner le nom à d’île Verte. Plus loin encore, à une lieue et demie du rivage, on en aperçut une qui parut peuplée, et le général y descendit. Il y trouva quelques bons édifices de pierre et un temple ouvert de toutes parts, au milieu duquel on découvrait plusieurs degrés qui conduisaient à une espèce d’autel chargé de statues d’horrible figure ; En le visitant de près, on y aperçut cinq, ou six cadavres humains qui paraissaient avoir été sacrifiés la nuit précédente. L’effroi que les Castillans ressentirent de ce spectacle leur fit donner à l’île le nom d’île des Sacrifices. Ils virent d’autres victimes d’une barbare superstition dans une quatrième île un peu plus éloignée, que ses habitans nommaient Culva, dont on a, fait Saint-Jean-d’Ulua.

La vue de tant de riches contrées faisait souhaiter au général espagnol d’en prendre possession plus solidement que par de simples