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« qu’il aimait la paix, et que c’était pour la faire subsister entre eux qu’il le priait d’accepter ce présent ; mais que, dans la crainte de quelque mésintelligence qui pouvait s’élever entre les deux nations, il le suppliait de s’éloigner. » Le général castillan, charmé de tout ce qu’il entendait, répondit que son dessein n’avait jamais été d’apporter le moindre trouble sur cette côte, et qu’il était disposé à partir. En effet, il se hâta de mettre à la voile.

En continuant de ranger la côte, les Castillans arrivèrent ensemble à l’embouchure d’un autre fleuve, qui fut nommé Rio de Banderas, parce qu’ils y aperçurent des Américains avec une sorte de piques ornées de banderoles, qui semblaient les inviter à descendre. Montejo reçut ordre de s’avancer avec deux chaloupes pour reconnaître leurs dispositions, et l’escadre ne tarda pas à le suivre. Les Castillans furent si bien reçus de ces Américains, qu’ils en obtinrent la valeur de quinze mille pesos d’or pour les plus viles marchandises d’Espagne. Ils apprirent dans ce lieu qu’ils étaient redevables des invitations et du bon accueil des habitans à l’ordre d’un puissant monarque de cette province, qui se nommait Motezuma ; que ce prince, qui avait été informé de leur approche, avait mandé aux commandans de ses frontières d’aller au-devant des Espagnols, de leur porter de l’or pour traiter, et de découvrir, s’il était possible, le véritable dessein de ces étrangers. Il paraît que la renommée avait por-