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dans une anse, où il trouva un puits d’eau douce dont il remplit ses tonneaux ; mais ayant passé la nuit à terre, il fut attaqué le lendemain par un grand nombre d’habitans qui lui tuèrent quarante-sept hommes : la plupart des autres n’échappèrent point sans blessures, et lui-même fut percé de douze flèches ; il ne dut la vie qu’à son courage, qui lui ouvrit un chemin au travers des ennemis ; et lorsqu’il fut rentré dans ses barques, où les flèches le suivirent, il eut le chagrin de voir mourir encore cinq hommes de leurs blessures, outre deux qui avaient été enlevés dans le combat, et dont la vie lui parut désespérée entre les mains des Américains. Il ne restait pas d’autre parti à prendre que de retourner à Cuba.

Hernandez mourut peu de jours après son retour à la Havane ; mais Vélasquez conçut une si haute idée de l’Yucatan, sur le témoignage des deux jeunes Américains qu’Hernandez avait amenés, et plus encore sur la vue des médailles, des couronnes et des bijoux d’or qu’on avait enlevés de leurs temples, qu’il ne perdit pas un moment pour se mettre en état de presser cette expédition. Il arma trois navires et un brigantin, sur lesquels il mit deux cent cinquante Espagnols et quelques insulaires de son gouvernement. Juan de Grijalva, dont tous les historiens vantent le caractère et l’habileté, fut chargé du commandement général, et reçut pour capitaines Pierre d’Alvarado, François de Montejo et Alphonse d’Avila,