Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 13.djvu/85

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

admiré à la première vue. Les Castillans n’ayant pas fait difficulté de descendre, ceux qui débarquèrent les premiers se trouvèrent tout d’un coup environnés d’un grand nombre d’ennemis qui s’étaient embusqués, et qui, poussant de grands cris, firent tomber sur eux une grêle de pierres et de flèches, avec l’arc et la fronde ; ils étaient armés d’une sorte de lame d’épée dont la pointe était un caillou fort aigu, de rondaches et de cuirasses doublées de coton. Hernandez eut quinze hommes blessés ; mais le feu des arquebuses eut bientôt dissipé les assaillans.

Les Castillans, fort joyeux, malgré leur disgrâce, d’avoir découvert un pays dont les habitans étaient vêtus, et les maisons de pierre et de chaux, spectacle qu’ils n’avaient pas encore eu dans l’Amérique, retournèrent à bord pour suivre la côte. Après quinze jours de navigation, pendant lesquels ils observèrent constamment de ne mouiller que la nuit, ils arrivèrent proche d’un golfe, à la vue d’une bourgade aussi grosse que la première, qu’ils appelèrent Lazare, parce qu’on était au dimanche de l’évangile de ce nom, mais que les Indiens nommaient Kimpech, et qui a pris depuis le nom de pays de Campêche. Pendant qu’on rentrait à bord, cinquante Américains vêtus de camisoles et de mantes de coton se présentèrent aux Castillans ; et, leur ayant demandé par divers signes s’ils ne venaient pas du côté d’où le soleil se lève, ils les invitèrent à