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accepta son offre, et fit armer à San-Iago, capitale de Cuba, deux navires et un brigantin, sur lesquels il embarqua cent dix hommes. Hernandez mit à la voile le 8 février, avec Alaminos, pour premier pilote. Cet habile navigateur, qui avait servi dans sa jeunesse sous Christophe Colomb, n’eut pas plus tôt doublé le cap de Saint-Antoine, qui est à l’extrémité occidentale de Cuba, qu’il proposa de gouverner droit à l’ouest, par la seule raison que l’ancien amiral avait toujours eu du penchant à suivre cette route : c’était assez pour déterminer Hernandez. Ils essuyèrent une tempête qui dura deux jours ; et pendant trois semaines, leur navigation fut très-dangereuse dans une mer qu’ils connaissaient si peu : mais ils aperçurent enfin la terre, et s’en approchèrent assez près. Leurs premiers regards s’étaient arrêtés sur une grande bourgade qui leur parut éloignée d’environ deux lieues, lorsqu’ils virent partir de la côte cinq canots chargés d’Américains qui étaient vêtus d’une sorte de pourpoint sans manches, et de caleçons de la même étoffe ; ils semblèrent voir avec admiration les grands navires des Castillans, leurs barbes, leurs habits, et tout ce qui ne ressemblait point à leurs propres usages. On leur fit quelques présens dont ils furent assez satisfaits pour revenir le lendemain en plus grand nombre, avec de grandes apparences d’amitié ; mais leur dessein était d’employer la perfidie et la violence pour se saisir de tout ce qu’ils avaient