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Vers le commencement de l’année 1517, ou sur la fin de la précédente, Vélasquez, qui avait mis l’île de Cuba dans un état florissant, ne voulut pas perdre l’occasion de s’étendre par de nouvelles conquêtes, ou de se fortifier dans son île, en y faisant amener un grand nombre d’esclaves pour la culture des terres. La douceur de son gouvernement avait attiré près de lui une grande partie de la noblesse espagnole des Indes. Il proposa une expédition sur quelque endroit du continent où l’on n’eût point encore pénétré, dans le dessein d’y faire un établissement, si le pays en paraissait digne, ou d’enlever des Américains, s’ils étaient cannibales ou anthropophages, on du moins d’y faire la traite de l’or, s’il s’y en trouvait. Quelques mémoires assurent qu’il en demanda la permission à l’amiral don Diègue, dont il n’était que le lieutenant ; mais don Diègue était en Espagne depuis trois ans, et Vélasquez, loin de donner cette marque de subordination, n’avait rien épargné pour se rendre indépendant.

Il arriva, comme Vélasquez l’avait prévu, que non-seulement ses matelots et ses soldats, qui s’ennuyaient de l’oisiveté, mais plusieurs Castillans de considération, passionnés pour la fortune ou pour la gloire, entrèrent volontiers dans ses desseins. François Hernandez de Cordoue, un des plus riches et des plus entreprenans, se chargea de la conduite de l’entreprise, et d’une grande partie des frais. Vélasquez