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ceux qui consentaient à traiter les Américains en hommes libres exceptaient de cette faveur les peuples qui seraient déclarés anthropophages. On sent combien cette question devenait obscure et incertaine dans des régions dont les mœurs étaient encore peu connues. On ne s’avisa pas d’examiner si, en supposant même que ces peuples mangeassent leurs prisonniers, on était en droit d’en faire des esclaves. On ne songea qu’à prouver comme l’on put qu’ils avaient tous cette barbare coutume, parce qu’on avait intérêt de les en accuser. Charles-Quint, occupé de ses projets sur l’Italie, et de ses querelles de rivalité et d’ambition, ne pouvait donner à cet examen une attention assez suivie pour résister à tout ce qui était intéressé à le tromper. Bientôt des conquêtes plus brillantes qu’il n’avait pu même l’imaginer, de vastes monarchies ajoutées à ses possessions d’Europe, des richesses immenses envoyées par les vainqueurs du Mexique et du Pérou éblouirent facilement une âme susceptible plus qu’aucune autre de cette espèce de séduction. Le livre suivant nous offrira le tableau de ces grands événemens.