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royale et toutes mes représentations demeurèrent sans effet. Après son trépas, je fis mon rapport aux régens du royaume, les cardinaux Ximenès et Tortosa, qui entreprirent de réparer le mal par de sages mesures ; mais la plupart furent mal exécutées. Ensuite, votre majesté étant venue prendre possession de ses états, je lui ai représenté la situation de ces malheureuses colonies, à laquelle on aurait alors remédié, si dans le même temps le grand chancelier n’était mort à Saragosse. Aujourd’hui, je recommence mes travaux pour ce grand objet.

» L’ennemi de toute vertu ne manque pas de ministres qui tremblent de voir l’heureux succès de mon zèle ; mais, laissant à part un moment ce qui touche la conscience, l’intérêt de votre majesté est ici d’une si haute importance, que les richesses de tous les états d’Europe ensemble ne peuvent être comparées à la moindre partie de celles du Nouveau-Monde ; et j’ose lui dire qu’en lui donnant cet avis, je lui rends un aussi grand service que jamais prince en ait reçu de son sujet. Non que je prétende aucune espèce de gratification ou de salaire ; ce n’est pas seulement à servir votre majesté que j’aspire : il est certain même que, dans toute autre supposition que celle d’un ordre exprès, le seul motif de son service ne m’aurait pas ramené des Indes en Europe ; mais je crois en rendre beaucoup à Dieu, qui est si jaloux de son honneur, que je ne dois pas faire un pas pour