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tique sur la côte de Cumana, pays de plus de deux cent cinquante lieues de long, qui s’étend depuis la province de Paria jusqu’à celle de Sainte-Marthe. On lui en donna le commandement, et il partit avec deux cents laboureurs et quelques religieux ; mais les Espagnols s’étaient déjà fait connaître dans ce pays par des violences et des perfidies ; les habitans d’ailleurs étaient plus féroces que la plupart des autres peuples de l’Amérique ; ils étaient même anthropophages. Las Casas, obligé de se transporter souvent de sa nouvelle colonie à Espagnola, fut mal obéi en son absence, et son petit établissement fut ruiné par les Américains. Pénétré de douleur, il entra dans l’ordre de saint Dominique, et nous le verrons bientôt reparaître sur un plus grand théâtre, toujours avec le même zèle et le même courage. Nous nous contenterons d’observer ici que ses représentations ne furent pas absolument inutiles. Les Américains furent traités avec plus de douceur ; mais nous ne croyons pas devoir dérober au lecteur le détail que nous ont laissé les historiens sur la manière dont cette affaire fut discutée dans le conseil de Charles-Quint, et surtout le discours de Las Casas, dans lequel on distinguera aisément ce qui est de son caractère et ce qui est de son siècle.

Charles parut dans une grande salle du palais, élevé sur un trône, avec tout l’appareil de la royauté. De Chièvres, son gouverneur, l’amiral Colomb, l’évêque du Darien, étaient