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l’avoir entendu, s’occupa d’un nonveau plan d’administration dont il confia le soin aux frères hiéronimites, dans Espagnola. Dans ce nouveau plan, les Américains étaient déclarés libres, et tous les règlemens tendaient à adoucir leur sort. Les esclaves des principaux départemens furent mis en liberté ; mais les départemens ne furent pas formellement abolis, quoique fort restreints par beaucoup de lois favorables aux peuples conquis. Les hiéronimites, quoique revêtus d’une autorité absolue, n’eurent pas le courage de maintenir ces lois dans toute leur vigueur. Elles furent bientôt éludées, et tous les abus continuèrent dès que la nouvelle administration eut déclaré qu’on ne toucherait pas aux départemens. Le zèle de Las Casas se ralluma. Il repassa en Espagne, et, trouvant des obstacles de tous côtés, il proposa de faire exploiter les Antilles par des nègres. Il est assez extraordinaire que Las Casas imaginât qu’on avait plus de droit sur la liberté des nègres que sur celle des Américains. Quoi qu’il en soit, ce sont deux traits également remarquables, que ce plan qu’on observa dans la suite, d’acheter des noirs pour les faire travailler aux colonies d’Amérique, ait été fourni originairement par un des hommes que d’ailleurs l’humanité compte au rang de ses bienfaiteurs, et que les dominicains, ministres et promoteurs de l’inquisition en Europe, aient été dans le Nouveau-Monde les plus ardens protecteurs des Américains. Rien ne mérite