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et qui étaient approuvés par les docteurs d’Espagne.

Las Casas osa déclarer la guerre aux fauteurs des départemens. Les services qu’il avait rendus dans l’île de Cuba lui avaient acquis de la considération ; il avait applaudi aux efforts des pères dominicains. Il entreprit de faire revivre la même cause, et ce zèle, qui lui fit obtenir dans la suite le titre de protecteur de l’Amérique, ne se ralentit point jusqu’à sa mort. Ne pouvant se persuader que le roi catholique eût été bien informé, il prit la résolution de passer en Espagne pour y porter la vérité.

Il ne put arriver à Séville que vers la fin de l’année 1515. Il en partit pour la cour avec des lettres de recommandation de l’archevêque ; et, dans la première audience qu’elles lui firent obtenir, il déclara librement au roi qu’il n’était venu d’Espagnola que pour lui donner avis qu’on tenait dans les Indes une conduite également nuisible aux intérêts de sa conscience et de sa couronne. Il ajouta qu’il s’expliquerait davantage quand il plairait à sa majesté de l’écouter. Le roi, surpris d’un langage si ferme, lui dit de faire son mémoires et lui promit de le lire. Après cette courte audience, s’adressant au père Matienco, dominicain, confesseur du roi, il lui dit avec la même noblesse qu’il n’ignorait point que Passamonte et d’autres officiers d’Espagnola avaient prévenu la cour contre lui ; que le ministre des Indes et le commandeur Lope de Conchilos lui seraient con-