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élevées et courageuses pour qui la défense de l’opprimé soit le devoir le plus cher, la première gloire et le premier bonheur. Barthélemi Las Casas, depuis évêque de Chiapa au Mexique, était passé fort jeune aux Indes occidentales, avant même d’avoir reçu le sacerdoce : il était prêtre et missionnaire lorsqu’il suivit Vélasquez à Cuba ; son unique motif était de convertir les peuples à la foi de l’Évangile, qu’ils auraient peut-être embrassée facilement, si leurs nouveaux dominateurs en avaient suivi les préceptes, qui sont en même temps ceux de l’humanité. Las Casas, rend témoignage de la docilité des Américains : Il m’est bien plus aisé, disait-il aux Espagnols, de les faire croire au christianisme que de vous le faire observer. Il a laissé à la postérité son plaidoyer pour les habitans de l’Amérique, adressé au souverain, portant à la fois tous les caractères de la vérité et de la vertu. C’est la peinture la plus touchante de la plus horrible oppression ; c’est l’histoire de la destruction et des crimes ; c’est une tache éternelle pour le peuple qui mérita cette leçon, et qui même en profita peu. L’espèce de vexation contre laquelle Las Casas s’élève avec le plus de force, c’est la forme des départemens dont nous avons déjà parlé, qui mettaient les Américains à la discrétion de maîtres impitoyables. Herréra nous a conservé cette formule que nous allons rapporter : « Moi, distributeur des caciques et des Américains, pour