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damna d’abord à une grosse amende, mais il fut mis ensuite en liberté. Pédrarias n’en prit pas moins ses instructions pour former de nouvelles peuplades dans des lieux dont on lui faisait connaître les propriétés. La colonie était dans un état très-florissant : tout le monde y jouissait d’un sort heureux ; on n’y voyait que des fêtes ; on n’entendait que des chants de joie au son de toutes sortes d’instrumens ; les terres étaient ensemencées et commençaient à fournir assez de vivres pour la nourriture des habitans. Non-seulement les caciques étaient soumis, mais la plupart portaient tant d’affection à leurs vainqueurs, qu’un Espagnol pouvait aller librement d’une mer à l’autre : tant il eût été facile aux Espagnols de faire oublier par la douceur du gouvernement, les cruautés de la conquête. Le roi, démêlant la vérité au travers des nuages dont on voulait l’obscurcir, écrivit l’année suivante à Pédrarias que, pour reconnaître les services de Balboa, il le créait son adelantade dans la mer du Sud et dans les provinces de Panama et de Coyba. Il ordonnait qu’il fût obéi comme lui-même, et que, tout subordonné qu’il devait être au gouverneur-général, il ne fût gêné en rien sur tout ce qui regarderait le bien public. Ce prince ajoutait qu’il reconnaîtrait le zèle de Pédrarias pour sa personne au traitement qu’il ferait à Balboa, dont il voulait qu’il prit les avis dans toutes les entreprises.