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chef dont le caractère et le rang fussent capables d’y établir l’ordre et d’y faire respecter l’autorité souveraine. On lui proposa don Pédrarias d’Avila, officier de naissance et de mérite, et d’une grande réputation dans les armes et la galanterie, les deux titres de la gloire espagnole. On avait travaillé à ses instructions avec tant de diligence, qu’il était parti peu de jours avant l’arrivée d’Arbolancho.

Pédrarias arriva avant la fin de juillet au golfe d’Uraba, et faisant mouiller à quelque distance de Sainte-Marie, il y envoya donner avis des ordres de la cour. L’officier qu’il chargea de cette commission se fit présenter d’abord au commandant. Il fut surpris de voir un homme si célèbre en simple camisole de coton, en caleçon et en souliers de corde, occupé à faire couvrir de feuilles une assez mauvaise case qui lui servait de demeure. Herréra, qui rapporte cette circonstance, observe que c’était par cette simplicité de mœurs que Balboa était devenu la terreur de tant de nations, et s’était tellement attaché tous les habitans de la colonie, qu’avec quatre cent cinquante hommes qu’on y comptait à peine, il aurait empêché, s’il l’eût entrepris, toutes les forces de la flotte d’Espagne de mettre Pédrarias en possession de son gouvernement. Ce nouveau commandant ne s’était pas même attendu d’y être reçu sans obstacle ; mais il fut agréablement trompé. Son officier ayant déclaré à Balboa que don Pédrarias d’Avila,